Comprendre les enjeux

  • Quel est le lien entre les eaux pluviales et les inondations ?

    Les inondations sont le plus souvent le fait de phénomènes concomitants qui s’aggravent mutuellement : fortes pluies, manque de capacité d’infiltration, saturation des réseaux d’évacuation, voire débordement de cours d’eau… Tout cela dépasse le simple cadre de la gestion des eaux pluviales. Ces phénomènes sont aujourd’hui amplifiés par deux facteurs : la densification urbaine d’un côté, et le changement climatique de l’autre.

    Comment agir ?
    En travaillant sur les deux tableaux !
    D’une part, en définissant plusieurs niveaux de service pour les eaux pluviales urbaines. Pour les pluies faibles à moyennes, on cherche à éviter les inondations. Pour les fortes pluies, on cherche à les circonscrire à des secteurs à faibles enjeux, en identifiant les zones d’accumulation « naturelles ».
    D’autre part, l’un des leviers essentiels est d’infiltrer les eaux pluviales au plus près de là où elles tombent. Cela nécessite à la fois de conserver ou de créer des surfaces perméables (pleine terre, revêtements perméables…), mais aussi d’identifier des surfaces dont on peut accepter qu’elles soient inondées de façon exceptionnelle.

  • Quel est le lien entre l'artificialisation des sols et le manque d'eau douce ?

    L’artificialisation des sols rend plus difficile l’infiltration des eaux de pluie dans les sols et les nappes souterraines et favorise les écoulements vers les cours d’eau jusqu’aux océans, par ruissellement de surface ou par une évacuation par tuyaux. De ce fait, les sols s’assèchent et les nappes ne sont plus alimentées. Ce phénomène concerne notamment l’Agglo qui est de plus en plus impactée par le manque d’eau, avec des mesures de restrictions de plus en plus fréquentes.

    Comment agir ?

    On infiltre les eaux pluviales au plus près de là où elles tombent, en priorité avec des solutions végétales !
    On évite ainsi de les « évacuer » par des tuyaux vers les cours d’eau, et finalement vers l’océan. En agissant ainsi, on évite le gaspillage d’une ressource précieuse, et on aide l’eau à retrouver la partie « terrestre » de son cycle naturel : interception par la végétation, évapotranspiration, rétention par le sol, et finalement, contribution au maintien des nappes d’eau profondes.

  • Pourquoi infiltrer l'eau de pluie au plus près de là ou elle tombe ?

    Dans la plupart des situations, l’eau de pluie est proche
    de la qualité potable lorsqu’elle arrive au sol. Même après ruissellement sur des surfaces de toitures ou de parking, les eaux de pluie de secteurs résidentiels gardent généralement une qualité « eau de baignade » si elles n’ont pas transité dans des réseaux.
    En revanche, dans les grandes villes, les eaux de pluie sont souvent intégrées aux systèmes d’assainissement unitaires et mélangées aux eaux usées. C’est doublement problématique : d’une part car on pollue des eaux pluviales en les mélangeant à des eaux usées. D’autre part, car lorsqu’il pleut fort, tout le système d’assainissement se retrouve saturé : les réseaux débordent, provoquant des rejets dans les milieux naturels de surface (rivières, lacs, mers), et les stations de traitement des eaux usées ne peuvent pas traiter correctement tout le volume acheminé.

    Comment agir ?

    Là encore, on infiltre les eaux pluviales au plus près de là où elles tombent, en priorité avec des solutions végétales! Cela permet de limiter le ruissellement et donc d’éviter le lessivage des polluants, et leur concentration dans le réseau. En prime, le sol est un filtre efficace vis à vis d’un large spectre de métaux et molécules organiques, et son efficacité peut être encore accrue par la végétation. De plus, les dernières études montrent que lorsqu’on infiltre des eaux de pluie, la contamination reste localisée et concentrée dans les couches superficielles du sol (première dizaine de centimètres), ne constituant ainsi pas une menace pour les nappes souterraines.
    Cependant, le sol ne peut pas tout. Il est donc important de le préserver de la pollution en poursuivant les efforts en termes de réduction des émissions, en particulier concernant les pesticides et les biocides… et les macro-déchets, tels que les mégots, emballages.

  • Pourquoi infiltrer les eaux pluviales peut permettre de mieux gérer les eaux usées ?

    Le lien entre les eaux pluviales et les eaux usées peut ne pas sembler évident. Cependant, pour des questions historiques de salubrité publique, les eaux pluviales ont souvent été mélangées aux eaux usées dans des réseaux unitaires, puis traitées en station de traitement des eaux usées. Mais avec les infrastructures actuelles, mélanger des eaux pluviales «propres» à des eaux usées est devenu une aberration : en effet, les eaux de pluie présentes dans les réseaux d’assainissement font déborder ceux-ci lors des fortes pluies, avec un risque de pollution des cours d’eau. Elles augmentent le volume qui est acheminé jusqu’à la station de traitement, parfois à l’aide de pompes, ce qui augmente la consommation énergétique, mais sature aussi la station de traitement, qui ne peut plus fonctionner correctement.

    Sur l’Agglo, on recense 461km de réseau unitaire, 10 bassins d’orage (qui retiennent temporairement les eaux pluviales mélangées à des eaux usées avant de les restituer au réseau unitaire), 43 stations de traitement des eaux usées.

    Même si aujourd’hui, on refuse systématiquement de collecter davantage d’apports d’eaux pluviales dans les réseaux unitaires, la gestion de l’existant se traduit par des travaux importants et coûteux à réaliser. Notamment sur les systèmes d’assainissement de Valence (7 communes concernées) et de Romans (12 communes concernées). Par exemple : augmentation de la capacité de la station d’épuration de Romans, création du bassin d’orage Camille Vernet à Valence, etc.
    Ainsi, en évitant d’évacuer les eaux pluviales dans les réseaux unitaires, on contribue à assurer un meilleur fonctionnement des équipements et de meilleures performances environnementales.

  • Pourquoi prévoir des espaces pour infiltrer les eaux pluviales ?

    D’abord, car en y pensant dès le début d'un projet, on peut
    anticiper et optimiser la gestion des eaux pluviales de l’aménagement, et concevoir des projets où les espaces ont des fonctions multiples plutôt qu’une seule finalité. Par exemple, un terrain de foot peut servir à infiltrer les eaux pluviales. Ensuite, car les techniques d’infiltration de surface sont les plus économiquement avantageuses par rapport à une gestion classique par collecteurs, ou même à des ouvrages d’infiltration enterrés (puits, tranchées d’infiltration…). Enfin, car les problématiques liées à une mauvaise anticipation de la gestion des eaux pluviales coûtent cher : dégâts en cas d’inondation, coût associé au non-respect des exigences règlementaires…
    En agissant de façon anticipée pour infiltrer les eaux pluviales au plus près de là où elles tombent, on obtient un projet moins cher, plus efficace, plus fonctionnel et plus agréable à vivre ! Chaque goutte d’eau compte, et fait une vraie différence sur les dimensions et le coût des infrastructures publiques…payées par les impôts des contribuables…
    Un projet d’aménagement bien pensé, qui intègre l’infiltration des eaux pluviales, c’est une double économie. À la fois pour le projet en lui même, mais aussi pour la réduction des coûts de fonctionnement du réseau d’assainissement qui ne sera pas encombré.

  • L'empreinte environnementale peut-elle varier en fonction de la solution technique ?

    Oui ! Et il serait dommage qu’en cherchant à préserver la ressource que constituent les eaux pluviales, on en vienne par ailleurs à avoir un impact négatif sur l’environnement.
    L’empreinte environnementale associée à la gestion des eaux pluviales est intimement liée à la technique retenue.
    Bien que ce choix soit pour partie imposé par le contexte (espace disponible, topographie, profondeur de la nappe, volumes en jeu, nature des sols, souhaits paysagers…), il est important d’avoir conscience des impacts environnementaux, très variables, de ce choix.
    Avoir une solution technique respectueuse, c’est être vigilant aux matières premières et matériaux utilisés au niveau de leur transport, de leur durabilité ou du caractère renouvelable ou non de chacun. Mais aussi réfléchir à l’impact sur la santé humaine et l’environnement.
    Concrètement, c’est en cherchant le plus possible à proposer des solutions « fondées sur la nature » que l’on aura l’empreinte environnementale la plus faible… voire même, un effet positif sur l’environnement.

  • Comment les eaux pluviales permettent d'optimiser l'espace et la qualité du paysage urbain ?

    La gestion des eaux pluviales par infiltration superficielle (infiltration en surface, par opposition à un ouvrage enterré), est une excellente opportunité pour réfléchir à la qualité du paysage urbain, et à la diversité des usages d’un même espace, quel que soit le projet (ordinaire ou emblématique).
    Cette approche permet de faire du qualitatif sans forcément augmenter ni les coûts, qui sont avantageux avec les techniques d’infiltration de surface par rapport aux autres solutions, ni l’espace à dédier à la gestion des eaux pluviales du fait de la multifonctionnalité : par exemple, un bassin d’infiltration des eaux pluviales à ciel ouvert peut aussi être un espace récréatif paysager ou un parking par temps sec.
    Enfin, une telle conception permet de valoriser la ressource précieuse que sont les eaux pluviales, en arrosant les espaces végétalisés de façon naturelle.

  • Peut-on avoir un impact positif sur la biodiversité et la nature en ville en gérant les eaux pluviales ?

    La réponse est OUI, évidemment !
    La biodiversité est aujourd’hui en danger sous l’effet du changement climatique et des activités humaines.
    Cela est vrai à l’échelle planétaire, mais aussi à l’échelle locale (disparition drastique d’insectes, de papillons, d’oiseaux, d’amphibiens...).
    Le choix du mode de gestion des eaux pluviales peut alternativement être une façon :
    • de favoriser la biodiversité et la nature en ville, en privilégiant des solutions d’infiltration de surface «fondées sur la nature» s’appuyant sur la végétalisation dont les bénéfices sont multiples,
    • d’amplifier la perte de biodiversité, si les eaux sont collectées et rejetées dans les eaux superficielles.
    En effet, il faut rappeler que la collecte des eaux pluviales par tuyaux entraine leur pollution: par les eaux usées dans le cas de réseaux unitaires, et par lessivage des polluants dans le cas des réseaux séparatifs.
    En outre, à l’inverse des solutions artificielles, les solutions fondées sur la nature (comme les noues ou les jardins de pluie) bien conçues permettent d’éviter la prolifération des moustiques tigres : d’une part car il n’y a pas d’eau stagnante (ouvrages vidangés en moins de 72 heures, ce qui est insuffisant pour le développement des larves), d’autre part car ces dispositifs peuvent permettre l’installation de prédateurs naturels des moustiques tigres.

  • En quoi l'infiltration permet-elle de répondre aux enjeux du changement climatique ?

    L’Agglo fait partie de la catégorie des territoires « vulnérables nécessitant des actions fortes d’adaptation au changement climatique » d’après le SDAGE Rhône-Méditerranée.
    Du fait de la baisse des précipitations et de la forte demande sur les usages en eau (agriculture, eau potable, activités industrielles), la recharge de la nappe souterraine sur le territoire (molasse du Bas-Dauphiné) est de plus en plus tendue. Ainsi, sur le territoire de Valence Romans Agglo, une étude climatologique, en partenariat avec Météo France, se termine en 2022.
    Comme ailleurs, et avec certaines variabilités, les évolutions attendues sont les suivantes : hausse des températures, baisse du volume annuel des précipitations, augmentation des phénomènes extrêmes, comme les épisodes de sécheresse et de précipitations intenses.
    En choisissant d’infiltrer les eaux pluviales au plus près de là où elles tombent avec des aménagements fondés sur la nature et redonnant sa visibilité à l’eau, plutôt que de les évacuer par des tuyaux (vers les cours d’eau, puis vers les océans finalement), une amélioration est possible.
    On permet la recharge en eau des sols, l’apport d’une fraîcheur naturelle en ville en luttant contre les îlots de chaleur urbains, la purification de l’air par les végétaux, l’amélioration du cadre de vie et de la qualité paysagère, l’enrichissement du patrimoine commun, de l’espace public et de la biodiversité, l’apaisement avec des espaces ludiques et culturels, et finalement une approche transdisciplinaire et multifonctionnelle de la conception de l’espace public.
    Tous ces aspects peuvent aussi se traduire par des conséquences socio-économiques positives, et celles-ci participent également à l’adaptation des femmes et des hommes au changement climatique.